EGYPTE  ( 2004 )

LE CAIRE

Le Musée Egyptien du Caire peut être l'introduction ou la conclusion de tout voyage en Egypte. Un quart seulement de ses collections est exposé mais cela suffit largement pour mesurer la richesse de la civilisation des pharaons. Clou du Musée Egyptien, le trésor de Toutankhamon n'offre qu'un petit aperçu de ce que devaient être ceux des grands pharaons tels que Ramsès II ou Chéops. Des richesses de l'Egypte, le musée en regorge, en déborde même. L'or de Toutankhamon est là, bien évidemment, accompagné de son fan club habituel. Les momies sont légions, les statues innombrables, les sarcophages multiples. La tête tourne de tant de merveilles accumulées. Commencée en 1858 par Auguste Mariette, enrichie et agrandie par Gaston Maspero et ses successeurs, la collection du musée compterait près d'un demi-million de pièces. 120.000 seulement sont exposées ! Notre conseil, préférez déambuler au hasard des couloirs et des vitrines, fuir les guides trop doctes et marcher au coup de foudre, à l'émotion avec l'aide des boîtiers interactifs (une vrai merveille de technologie) que vous pourrez louer à l'entrée du musée.

A Gizeh, quand on regarde les pyramides,, tout est affaire de distance. De trop près, la perspective est écrasée. De trop loin, ce n'est pas ça non plus. Alors, j'ai beaucoup marché, fait du stop, loué un dromadaire. Sans surprise, j'en conviens, l'endroit idéal reste celui connu de tous les chameliers du cru. Là-bas vers le sud, cet affleurement rocheux légèrement surélevé est inoubliable en fin de journée lorsque la lumière rasante se prend dans la poussière des méharées touristiques. Jadis, chaque pyramide était recouverte de plaques de calcaire qui, en reflétant le soleil, dissimulaient aux yeux des pillards l'entrée de l'édifice. Au sommet, un pyramidion en or devait briller de mille feux. Tout cela a disparu. Pilleurs et maçons se sont servis transformant la grande nécropole de Gizeh en vaste carrière de pierres. Seules demeurent les pyramides, grandes et petites. Dromos, mastabas, temples funéraires et autres palais ont été arasés. L'opiniâtreté des archéologues a néanmoins fait des miracles. En 1954, deux grandes fosses parfaitement dissimulées livrent chacune une barque solaire sous la forme d'un astucieux puzzle géant de 1 224 pièces. Celle exposée au pied de la pyramide de Chéops aura nécessité dix ans de travail et de réflexion. Bien des mystères planent encore sur le plateau de Gizeh. Découvrira t-on jamais la fameuse chambre secrète de la grande pyramide ? Percera t-on jamais l'énigme du Sphinx, sa signification ? Sous les interrogations, le sable et sous le sable… mystère !

LOUXOR

Chantée par Homère, admirée des savants français lors de la campagne d'Egypte, la cité de Thèbes, l'actuelle Louxor, doit sa renommée aux vestiges d'une civilisation jadis brillante et son salut a Gaston Maspero qui, vers 1880, la sauve des sables. Louxor au cœur de la ville est le temple le plus proche des bateau. Elevé sous Aménophis III (XIVe siècle av. J.- C.) et Ramsès II (XIIIe siècle av. J.- C.), le temple de Louxor ne servait en fait qu'une fois l'an ...

EDFOU

Située à 100km d'Assouan, Edfou est l'antique capitale de la région que les Grecs appellent Apollinopolis Magna dont il ne reste que le temple consacré à Horus, l'édifice de l'antiquité le mieux conservé d'Egypte. Le temple d'Edfou est commencé en 327 av. J.C. par Ptolémée III Evergète, sur les ruines de celui de Touthmôsis III, réalisé lui-même par l'architecte Imhotep. Selon la légende Horus tua Seth, l'assassin d'Osiris, à cet endroit. Les successeurs de Ptolémée III poursuivent la construction qui n’est terminée qu'en 57 av. J.C. Deux faucons de granit noir gardent l'entrée du temple. Après la porte du pylône à quatre étages, une cour à colonnes donne accès à la première salle hypostyle avec ses colonnes et ses parois couvertes de scènes d'offrandes. Vient ensuite la seconde salle, plus petite, avec trois groupes de quatre colonnes. Puis le vestibule mène au sanctuaire avec son tabernacle monolithique. Tout autour du sanctuaire, le « corridor des mystères » dessert dix chambres de préparation des rites. Les murs extérieurs du temple sont gravés de scènes cérémonielles dédiées à Horus.

Temple de Hatchepsout

Hatchepsout était reine-pharaon, la cinquième femme a régner pendant la XVIIIe dynastie. Fille de Thoutmosis Ier et de la Grande épouse royale Ahmès, Hatchepsout s'était fait élever un temple funéraire ...

Colosses de Memnon

Les " Colosses de Memnon " est le nom que l'on donne aux deux statues d'Aménophis III, derniers témoins restants de l'immense temple funéraire du XIV siècle av. J. C. Ces statues en grès mesurent 18 mètres de haut et pèsent 1300 tonnes environ.

Vallée des Rois

Elle est connue pour abriter les tombes (hypogées) d'un bon nombre des pharaons du Nouvel Empire. Le premier pharaon à avoir été enterrer ici, semble-t-il, fût Thoutmosis Ier (vers -1504 avant J.- C.) ...

ASSOUAN

Considérée comme la plus belle ville du Nil, Assouan est un lieu privilégié. Ici se bousculent des siècles d'histoire, un fleuve légendaire et un désert immense. Point de départ de toutes les croisières sur le lac Nasser voguant à destination d’Abou Sim bel ou descendant le Nil en direction des temples de Louxor.

Située à l'emplacement de la première cataracte, barrière naturelle infranchissable pour leurs bateaux, Assouan était la dernière frontière des Egyptiens, la dernière trace de civilisation avant la Nubie, ce pays vide, aride, peuplé de tribus rebelles. Aujourd'hui encore, Assouan reste empreinte de cette ambiance, de ce mystère que possède

Toute ville posée au carrefour du temps et au lieu de nulle part.

 Sur le bateau, le guide m'avait prévenu : " Dès qu'on accoste, prenez la Corniche et grimpez jusqu'au belvédère. Vous aimez la photo et les belles couleurs. Alors, là-haut, vous serez servi ". Le soleil a déjà commencé sa dégringolade habituelle. Les ombres s'allongent et les murs d'argile peu à peu se couvrent d'or. Peu m'importent les amoncellements de felouques et les appels des marins. Demain tout cela. Une seule obsession, grimper car le coucher de soleil n'attend pas. Voici le petit square du belvédère. Enfin ! Et quelle joie. Le Nil est là, à mes pieds. Les falaises de grés et de sable se parent des couleurs du couchant. Une noria de felouques navigue entre îles et papyrus. Les voiles, pour quelques instants encore, accrochent les derniers rayons de soleil. Au loin, la ville d'Assouan, calme et assoupie. Quelques rires me parviennent des jardins et de la piscine de l'hôtel Old Cataract. L'ocre de la façade et le bleu azur de la piscine tranchent singulièrement avec les eaux sombres du fleuve sacré et nourricier des Egyptiens. L'instant est magique, la vue magnifique et je suis seul, absolument seul à profiter de ce moment précieux.

En chemin, j'avais promis à un marin enturbanné plus coriace que les autres que, demain, promis, j'irai avec lui faire un tour en felouque sur les eaux assagies par la construction du fameux barrage. Un projet pharaonique que ce barrage. Long de 4 km, haut de 114 m et épais à sa base d'1,5 km, le Sadd al-Ali, a nécessité onze années de travail, mobilisé 30.000 hommes et déplacé un volume de roches équivalent à dix-sept fois celui de la pyramide de Chéops. Ce monstre accoucha du lac Nasser, véritable mer intérieure de 500 km de long et d'une capacité de 164 milliards de m3. Dans le même temps, Assouan passait de 50.000 habitants à plus de 200.000. La dernière frontière venait de changer de visage. Lieu de villégiature chanté, déjà, par les Grecs et les Romains, Assouan était appréciée d'une poignée d'initiés, de voyageurs cultivés et d'explorateurs assagis. Lieu de départ ou d'arrivée de toute croisière sur le Nil, Assouan connaît désormais une affluence grandissante. Mais qu'importee.
A felouque sur le Nil, à pieds dans le capharnaüm du souk ou les carrières de granit, en bateau sur le lac Nasser ou en avion vers
Abou Simbel, les gens ici se croisent, changent et s'en vont, créent un rythme qui fait aussi le charme d'Assouan.
Le nom même de la ville est né du mouvement. Au temps des pharaons, elle s'appelait Souenet qui veut dire marché. Marchands soudanais et nomades du désert vendaient ici l'ivoire, l'or, les épices et les étoffes venus du fin fond du continent noir. Le souk actuel n'a rien perdu de ses couleurs et de ses odeurs. Certes, ses étalages se sont enrichis de denrées et de gadgets plus contemporains mais il y règne toujours une même effervescence.
Demain déjà et mon capitaine ne m'a pas trouvé très drôle. " Ecoutes, je suis désolé mais je fais d'abord un tour à Philae et promis ce soir, je viens avec toi " lui dis-je. Un sourire, une grande claque dans les mains et l'affaire était emballée. Le calcul était simple. De bon matin, le site est désert et la lumière plus belle.
Sauvé des eaux dans les années 1970, le temple de Philae est un navire en partance pour l'intemporel. Ses deux pylônes ressemblent aux cheminées d'un paquebot et les colonnes du Mammisi en sont les coursives. On accède au sanctuaire comme à une passerelle à travers un dédale de couloirs et de salles obscures.
Isis, maîtresse des lieux, pleure Osiris, son cher époux enterré sur l'île voisine de Biga. Le culte de cette femme amoureuse, repris par les Grecs et les Romains -en témoignent les cartouches des empereurs Auguste, Tibère, Caligula ou Néron et surtout le superbe kiosque de Trajan- sera le dernier à résister à l'évangélisation. Au IV siècle de notre ère, le temple d'Isis deviendra une église dédiée à saint Etienne. Je quitte mon navire de pierre pour celui de bois. Ma felouque attend. Glisser sur les eaux du Nil, c'est accomplir un rêve d'enfance, comme prendre le Transsibérien, rouler sur la Panaméricaine ou passer le cap Horn. Et voici que ses eaux filent sous l'étrave dans un silence incroyable. La felouque longe la falaise qui abrite la nécropole nubienne et le mausolée de l'Aga Khan, flirte avec les dos luisants des rochers de l'île Eléphantine, ancienne capitale des pharaons, laisse à tribord la verdoyante île-jardin botanique de Lord Kitchener. Je n'ai pas voulu un mot d'explication préférant rêver à une improbable rencontre avec le replet Hapi, dieu du Nil et de l'abondance, Khnoum, le maître des crues à tête de bélier, et les belles Satis et Anoukhis, déesses des eaux. Que sont-ils devenus depuis le barrage ?
Hapi a sûrement maigri faute de limon pour fertiliser les terres, Khoum a sans doute changé de métier. Satis, à la tête ornée de cornes d'antilopes, et Anoukhis, parée de plumes d'autruche ont peut-être été dévorées par les carpes géantes qui, dit-on, hantent les profondeurs du lac Nasser.

ABOU SIMBEL

Surplombant le lac Nasser et creusé dans la montagne, le temple d'Abou Simbel témoigne de la démesure pharaonique. Le visiteur reste fasciné autant par la grandeur de l'ouvrage de l'époque que par le travail de sauvetage de l'UNESCO.  Je regarde par le hublot ce lac immense qui a déplacé plus de 100.000 Nubiens et englouti villes, villages et temples (autant dire toute la culture nubienne). Entre 1963 et 1970, quatorze édifices furent sauvés au prix d'un travail titanesque. Abou Simbel est le plus fameux d'entre eux. Il semble toujours avoir été là, hiératique au milieu du désert, loin, bien loin de Thèbes, la capitale des pharaons située à quelque 1.000 km plus au nord. Difficile de réaliser que l'emplacement initial du temple d'Abou Simbel se trouve 65m plus bas sous les eaux et que chacun des colosses de 20 m de haut a été découpé et remonté bloc par bloc. Ramsès II, le génial bâtisseur, n'aurait pas renié une telle performance. Ses quatre statues gigantesques le représentent toujours serein, portant barbiche postiche, nemès et pschent -les attributs de son rang-face u soleil couchant.
Sa mère, la reine Touy, sa femme Néfertari et sa fille Méritamon semblent se blottir entre les jambes immenses du pharaon protecteur et guerrier comme aiment à le rappeler les fresques gravées sur les murs intérieurs du pronaos. Le soleil lui-même participe à la toute puissance du roi. Les 20 février et 20 octobre, dates de naissance et de couronnement de Ramsès, ses rayons traversent le temple jusqu'au sanctuaire éclairant une à une les statues d'Amon-Rê, de Ramsès II et de Rê-Horakhty.












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